La rencontre de Julia
Pour ce deuxième portrait de voyageuse*, je vous présente Julia, une jeune Allemande de 19 ans (20 ans en juillet prochain), arrivée en Nouvelle-Zélande avec son petit-ami le 5 septembre 2018 pour un Working Holiday Visa (PVT) d’un an.
Comme Yu-Chien, j’ai rencontré Julia au travail, à l’usine d’emballage de pommes d’Ettrick (Otago, Nouvelle-Zélande). Elle a commencé et fini les mêmes jours que Yoann et moi. Nous nous sommes trouvées au même poste (packer/boxer) et dans la même équipe (outside team dite aussi darkside team en raison des nombreux dégâts sur la rangée). Nous avons également travaillé ensemble 3 samedis pour faire le ménage de l’usine dans une équipe réduite de 6 personnes. Je parle de ce travail dans mon article sur l’expérience de la packhouse.
Julia fait partie de mes jolies rencontres en Nouvelle-Zélande. Je l’ai tout de suite trouvé très « mature ». En anglais on le traduit bien par « mature » mais elle ne connaissait pas ce mot. J’en ai donc cherché sa traduction en allemand pour lui expliquer, ce qui m‘a permis d’apprendre ce nouveau mot « erwachsen » (qui signifie aussi « adulte » et « grandir »). Julia a été très touchée que je lui fasse ce compliment. Elle est bosseuse, joviale, ouverte d’esprit et avec elle, nous pouvions échanger – en anglais – sur des sujets riches et variés !
Notre entrevue s’est déroulée aux trois-quart durant nos heures de travail, les mains dans les pommes et les cartons, avec le bruit de l’usine et le dernier quart lors de la dernière soirée passée tous ensemble chez l’une de nos supérieurs. C’est à ce moment-là que j’ai tourné la courte vidéo de présentation en plusieurs langues, ce qui explique le bruit en arrière-plan.
Mieux connaître Julia
Julia vient de Waldkraiburg. Près de Munich, en Allemagne.
Topo Allemagne
Capitale : Berlin. 82,79 millions d’habitants. 357 386 km² de superficie.
Julia et les langues
Julia parle allemand, anglais et français.
Les Allemands ont vraiment un bon niveau en anglais, c’est majoritairement la seconde langue apprise (plus rarement, en second, la seconde langue est le français). En deuxième ou troisième langue ils peuvent avoir le choix entre anglais, français, espagnol, russe, portugais, italien, mais encore latin et grec ancien – qui sont, en Allemagne, non dissociées des langues vivantes -, etc. Julia a choisi le français. Elle dit qu’elle ne l’a pas appris longtemps, que ses connaissances sont limitées mais elle a un bon niveau. Elle adore cette langue, la façon dont sonne les mots.
Situation avant la Nouvelle-Zélande
Avant la Nouvelle-Zélande, elle était en 12ème classe (pour en savoir plus sur le système allemand, allez voir ce pdf), elle commençait un cycle dans le secteur de la santé mais cela ne lui a pas plu et elle voulait voyager. Voilà pourquoi elle est en Nouvelle-Zélande aujourd’hui.
Elle n’a pas d’idée précise d’un métier qu’elle aimerait exercer. Quelque chose en lien avec les animaux certainement. Mais pas pour tout de suite.
Son met allemand préféré
Le bretzel !
Un ou une bretzel est une pâtisserie salée traditionnelle typique de l’Allemagne du Sud, de l’Alsace, de l’Autriche et de la Suisse alémanique, à base de pâte de brioche, pochée dans une solution de bicarbonate de soude, en forme de nœud ou de bras entrelacés, et recouvert d’éclats de gros sel.
Un des symboles traditionnels anciens des cultures alsacienne et allemande, déclinés sous de nombreuses variantes sucrées salées, il est originaire du sud de l’Allemagne, et très répandu en Alsace, dans le nord de la Suisse, en Autriche, au Grand-Duché de Luxembourg et, dès le milieu du XIXème siècle, aux États-Unis (pretzel).
Source : page Wikipedia sur le Bretzel
Julia et les voyages
La Nouvelle-Zélande est le premier voyage de Julia ! Enfin premier « gros » voyage car Julia a déjà passé quelques jours en France (Disney Land Paris et Corse) ou en Italie.
Du fait de son jeune âge, c’est aussi dans ce pays qu’elle a travaillé pour la première fois.
Après la Nouvelle-Zélande, elle veut continuer à voyager. Ses destinations privilégiées sont l’Inde, l’Europe entière et plus précisément l’Italie. Elle manifeste aussi l’idée de passer par l’Australie et de travailler dans un lieu en lien avec les koalas ou autres animaux du pays.
Elle est en Nouvelle-Zélande pour 12 mois et complète, comme Yoann et moi, une demande d’extension de visa qui permettra, nous l’espérons tous, de mieux revendre nos vans au retour des beaux jours néo-zélandais,
Voyage… et manque !
Si elle cite en première position sa grand-mère et son petit frère de 7 ans avec beaucoup de tendresse, un autre manque lui vient rapidement en tête : sa garde-robe !
Eh oui, partir à l’autre bout du monde, c’est partir léger, faire des choix, renoncer, laisser de côté des habits qui ne seraient pas adaptés à notre quotidien ici. On vient souvent avec des habits de randonnée, on porte des habits défraîchis pour travailler. On met de côté petites chaussures de ville en cuir, joli manteau ou autre sac à main. On n’a plus forcément d’occasion pour se faire jolie au quotidien, s’apprêter. Et parfois, oui, cela me manque aussi !
Julia et la Nouvelle-Zélande
Pourquoi la Nouvelle-Zélande ?
Elle voulait partir loin de l’Allemagne (c’est sûr, on pouvait difficilement faire plus loin !). Elle pensait d’abord à l’Australie. Sa grande-sœur avait déjà passé 6 mois en Nouvelle-Zélande (elle était Jeune fille au pair à Auckland) et ça lui a donc donné envie de découvrir ce pays.
J’aime poser la question « Auckland ou Wellington ? » car il y a – parait-il – deux « écoles ». Bon, les personnes qui vivent à Auckland aiment Auckland mais toutes celles rencontrées ailleurs sur la route ont préféré Wellington « moins busy et plus joli ». C’est le cas de Julia.
Son moyen de transport
Avec son petit-ami, ils ont un petit van aménagé, non self-contained mais dans lequel ils peuvent se faire à manger et dormir. Ils l’utilisent pour les périodes de road-trip. Pendant la période de travail à la packhouse, ils vivaient chez l’une de nos supérieurs dans une caravane vintage.
Pour l’hébergement des saisonniers, plusieurs solutions sont en effet offertes aux travailleurs : location de chambres chez l’habitant, caravanes, dépendances, hôtel (type auberge de jeunesse) ou bien emplacement dans un camping professionnel (notre choix).
Son meilleur souvenir en NZ
Au début du PVT, Julia s’est rendue aux Mermaid Pools (région du Northland, île du Nord) avec son copain et des amis. Ils se sont baignés, ils avaient leur sac à dos avec eux, la marée a commencé à monter et Julia a perdu une chaussure. Ils ont dû continuer à marcher pour ne pas rester bloqués et elle avait donc un pied nu. Elle raconte ce souvenir en rigolant, c’était pour elle une grande aventure. Être dans un si bel endroit, avec ses amis, la marée montante, les affaires en vrac avec une chaussure manquante !
Pour information, les Mermaid Pools, à Matapouri, sont fermées depuis février 2019 pour une durée indéterminée à cause des visiteurs qui dégradent le site en déféquant n’importe où, en laissant des déchets divers telles que des protections hygiéniques mais également à cause de l’urine et de la crème solaire qui stagnent dans ces piscines naturelles. Voir l’article néo-zélandais de Stuff à ce sujet.
Plat Néo-zélandais préféré
Julia a été végétarienne pendant deux ans, elle réduit sa consommation de viande au mieux. Elle trouve les meatpies vraiment gross (immonde). « C’est une pâtisserie, ça ne devrait pas être salée ! » dit-elle avec un air de dégoût. Elle aime cependant le poisson frit. Nous étions d’accord pour dire que la Nouvelle-Zélande nous offrait de très bons poissons. Mais ça s’arrête là. La « gastronomie néo-zélandaise » semble vraiment « pauvre » pour un Européen.
Que penses-tu de la Nouvelle-Zélande ?
A cette question, Julia m’a fait part – comme beaucoup de voyageurs rencontrés jusqu’ici (et Yoann et moi ressentons la même chose) – de cette pensée que l’on peut ainsi résumer :
« Je trouve que les paysages sont beaux, il y a beaucoup à voir mais… je n’ai pas l’impression que les backpackers soient les bienvenus… »
Je profite de ce portrait pour m’exprimer plus clairement (mais brièvement car ce n’est pas le propos de cet article, peut-être d’un prochain…) à ce sujet : le monde entier nous vend la Nouvelle-Zélande avec ses habitants, « les Kiwis » comme parmi les plus gentils/accueillants/amicaux au monde. Étant d’un naturel sceptique, j’attendais de voir. Nous vivons ici depuis 9 mois et nous avons des dizaines et des dizaines d’anecdotes avec des Kiwis pas du tout « friendly ». Il y a aussi de bons exemples évidemment mais en globalité nous avons été de nombreuses fois déroutés.
Jobs effectués en Nouvelle-Zélande
Avant les 8 semaines dans l’usine d’emballage de pommes, Julia a travaillé 2 mois dans les vignes à Martinborough (île du Nord, Nord-Est de Wellington).
Elle était payée on contract (au contrat). Elle a, comme nous, expérimenté le travail le plus HARD de tout l’entretien d’un pied de vigne : le « bud-rubbing », ce fameux geste consistant à frotter le pied de vigne pour éliminer toutes feuilles et branches. Le faire une fois n’est pas un souci. Le répéter des centaines de fois par jour, sous un soleil de plomb ou les pieds et mains trempés et gelés par la pluie ou la rosée en est un. Pour vous faire une idée de la douleur de cette tâche, vous pouvez par exemple imaginer faire des squats pendant 3h minimum chaque matin. Je ne m’en remettrai jamais. Je suis entre rires et larmes quand je le raconte (avec imitation gestuelle à la clé) aux personnes avec qui nous partageons nos pires et meilleures anecdotes de travail en Nouvelle-Zélande.
Note sur la différence de paie au contrat ou au taux horaire
Lorsque nous travaillions dans les vignes à Blenheim avec Yoann, nous étions payés hourly rate (au taux horaire). La différence ?
Au contrat, vous devez atteindre des quantités minimales de pieds de vignes à entretenir par heure/jour. Si vous êtes vraiment bons et que vous dépassez les quotas minimaux, vous pouvez avoir des bonus (prix par pied de vigne fixé sur le contrat). Sinon, vous toucherez le salaire horaire minimum convenu sur le contrat. C’est un fait LÉGAL, contrairement à ce que pourraient faire croire certains contractors (les intermédiaires qui travaillent pour les vignobles) qui diront qu’au contrat vous n’êtes pas du tout payés au salaire légal mais seulement au tarif par pied de vigne et que donc parfois vous ne toucherez quasiment rien si vous n’êtes pas efficace. Mais la Nouvelle-Zélande a bien un droit du travail qui garantit un salaire horaire minimum.
Au taux horaire, vous ne toucherez que le salaire minimum prévu, pas de bonus possible. Vous n’avez pas d’objectif à atteindre. Enfin… en principe… car là est toute la vaste mascarade de certains contractors. Ils ont bien des chiffres à atteindre donc il faut que soyez un minimum « rentable ». Si vous faites mieux vous serez quand même au minimum (pas de bonus) mais si vous faites moins… vous serez virés et sans préavis (alors que vous devrez fournir 2 jours de préavis si VOUS souhaitez partir).
Julia et la musique
Comme avec Yu Chien, nous finissons par une petite note musicale provenant tout droit d’Allemagne, choisie par Julia elle-même !
Xavier Naidoo est un chanteur de soul Allemand né en 1971. Il a été juge pour l’émission The Voice en Allemagne et sera juge pour A la recherche de la nouvelle star Allemande en 2019-2020.
« Depuis 2003, trois de ses chansons, « Ich kenne nichts », « Danke » et « Das hat die Welt noch nicht gesehen », décrochèrent la première place du hit-parade allemand. » Source
Retrouvez Julia sur Intasgram !
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*Portrait de voyageuse et voyageur :
Cette catégorie d’article rend honneur aux voyageurs rencontrés sur notre route. PVTistes, touristes de quelques jours ou tourdumondiste pour plusieurs mois, originaires du monde entier, nous les avons rencontrés, nous avons échangé, nous les avons questionnés. « Portrait de voyageur », ce sont des personnes au parcours singulier, qui ont fait le choix, un moment dans leur vie, de partir, de prendre la poudre d’escampette, de s’accorder une pause, une parenthèse, de faire quelque chose d’exaltant, de suivre leurs rêves. Des personnes qui partent à la conquête d’eux-mêmes, qui attendent beaucoup du voyage, ou rien du tout, qui se laissent bercer par la légèreté d’un road trip ou qui souhaitent monter un vrai projet professionnel.
Si ces rencontres sont physiquement souvent éphémères, certaines nous marqueront pourtant, à l’intérieur de nous-même pour longtemps, nous en sommes sûrs. Chacune à leur manière. Qu’elle soit hilarante, agaçante, enrichissante ou tout simplement merveilleuse. Et nous espérons que ces portraits vous enrichiront un peu à leur façon et vous donneront peut-être à vous aussi, l’envie de parcourir le monde et d’y rencontrer ses habitants.
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