Nouvelle catégorie d’articles sur On déambule : les portraits de voyageuses et voyageurs

Nous vivons depuis 9 mois en Nouvelle-Zélande et rencontrons de nombreux voyageurs provenant du monde entier (nous avons recensé une trentaine de pays différents depuis le début). J’essaie souvent d’échanger avec ceux-ci, de connaître leur parcours.

Cette catégorie d’article rend donc honneur aux voyageurs rencontrés sur notre route. PVTistes, touristes de quelques jours ou tourdumondiste pour plusieurs mois, originaires du monde entier, nous les avons rencontrés, nous avons échangé, nous les avons questionnés. « Portrait de voyageur/voyageuse », ce sont des personnes au parcours singulier, qui ont fait le choix, un moment dans leur vie, de partir, de prendre la poudre d’escampette, de s’accorder une pause, de vivre autrement, de faire quelque chose d’exaltant, de suivre leurs rêves. Des personnes qui partent à la conquête d’eux-mêmes, qui attendent beaucoup du voyage, ou rien du tout, qui se laissent bercer par la légèreté d’un road trip ou qui souhaitent monter un vrai projet professionnel.

Si ces rencontres sont physiquement souvent éphémères, certaines nous marqueront pourtant, à l’intérieur de nous-même pour longtemps, nous en sommes sûrs. Chacune à leur manière. Qu’elle soit hilarante, agaçante, enrichissante ou tout simplement merveilleuse. Et nous espérons que ces portraits vous enrichiront un peu à leur façon et vous donneront peut-être à vous aussi, l’envie de parcourir le monde et d’y rencontrer ses habitants.

La rencontre de Yu Chien

J’ai rencontré Yu Chien lorsque je travaillais à la packhouse, l’usine d’emballage de pommes dans le central Otago. Elle a commencé le même jour que moi et au jour où j’écris cet article (11 mai), elle y travaille encore. Elle devrait finir fin mai, rien de sûr.

Le travail à la packhouse était parfois si ennuyeux que j’ai eu énormément de temps pour PENSER. Quel luxe dans le monde effréné dans lequel nous vivons non ? J’ai donc pensé à cette catégorie d’article et j’ai choisi trois collègues à interviewer. Ce sont trois jeunes femmes. Trois jeunes femmes de pays différents : Taïwan, Allemagne et France. Et cela me plaît, de partager ces parcours singuliers de jeunes femmes réunies au final au même endroit. À Ettrick. Dans une usine d’emballage de pommes.

femme debout dans une allée d'arbres à l'automne
Toutes les photos de Yu Chien présentes sur cet article m’ont été envoyées par Yu Chien elle-même. Elles ont toutes été capturées à Taïwan exceptée celle avec le chapeau.

Yu Chien était dans mon équipe. Les premières semaines, nous travaillions loin l’une de l’autre. Je voyais une jeune femme Asiatique énergique, qui travaillait dur. Vers la fin, je me suis retrouvée près d’elle. J’ai alors découvert quelqu’un d’amusant, de souriant, qui assure dans les moments de travail un peu plus compliqués, sans se plaindre. Nous sommes progressivement entrés dans une période « d’ennui », quand les machines commençaient à être bien rodées. C’est là que l’idée de cette catégorie m’est venue et je me suis dit que réaliser les interviews durant le travail pouvait aussi nous permettre de faire passer le temps plus vite.

J’avais alors un bout de papier et un crayon cachés sous ma ligne. Il était interdit d’apporter n’importe quel élément extérieur à la packhouse dans les rangées où étaient distribuées les pommes. Quand bien même, j’estimais que le risque était nul, surtout mis en parallèle des nombreux travaux des techniciens durant l’emballage des pommes (outils qui traînaient partout dont rondelles ou autres vis et morceaux métalliques divers). Un jour ma supérieure a vu mon papier et m’a demandé de le ranger. J’ai levé les yeux au ciel en m’exécutant tout de même.

C’est donc, sur quelques jours, entre les pommes, les trays, le bruit incessant des machines, les pauses thés, lunch et pipi que l’on a échangé sur la Nouvelle-Zélande, les voyages, Taïwan, la France et les différentes cultures de ces trois pays… en anglais bien sûr !

Yu Chien et Taïwan

Yu Chien vient de Chungha à Taïwan (République de Chine).

Je l’ai filmé (lors de notre dernière soirée à Roxburgh) afin qu’elle se présente brièvement, en anglais et en mandarin. Je pensais lui faire une blague en lui disant « Et il me faut en français aussi ! » mais elle a tenu à le faire. Pour cela, elle m’a enregistré et elle a répété son texte plusieurs fois. Dire « 25 » a été le plus compliqué mais pour le reste, quelle aisance !

Topo sur Taïwan

Taïwan est un petit État insulaire situé à 180 km à l’est de la Chine, offrant des villes modernes, des temples chinois traditionnels, des stations thermales et une spectaculaire région montagneuse. Au nord, Taipei, la capitale du pays, est réputée pour ses marchés nocturnes animés, le musée national du Palais où sont exposées des œuvres de l’art chinois impérial, et Taipei 101, un gratte-ciel de 509 mètres de haut en forme de bambou et doté d’un observatoire. (Source page Google de Taïwan).

Vous vous souvenez ? Pour venir en Nouvelle-Zélande nous avons fait étape à Taipei et j’y avais consacré un article !

Le pays compte 23,58 millions d’habitants pour 36  193 km². A titre d’info, en France il y a 67 millions d’habitants pour 643 801 km².

Drapeau de Taïwan
Situation géographique de Taïwan

Breaking news !

Le jour où je mets en ligne cet article, Taïwan fait l’actualité mondiale en devenant le premier pays d’Asie à légaliser le mariage homosexuel ! Article Le Monde

Avant de venir en Nouvelle-Zélande

Yu Chien était ingénieur en qualité dans son pays. Elle a fait ce travail pendant 1 an après 4 ans d’étude et elle l’a quitté pour venir en Working Holiday Visa en Nouvelle-Zélande pendant 1 an.

Langues

Yu Chien parle deux langes maternelles : le mandarin et le taïwanais. Elle a commencé à apprendre l’anglais à l’âge de 8 ans. Elle dit qu’aujourd’hui la plupart des jeunes Taïwanais parlent anglais mais pas les personnes plus âgées. L’apprentissage de l’anglais est assez nouveau à Taïwan. Il n’y a pas d’autres langues enseignées autres que ces deux-là.

Son plat taïwanais préféré

Le hot pot.

Elle m’explique que c’est un plat avec de la viande et des légumes qu’on met dans une grosse marmite et qu’on partage à plusieurs. C’est l’aspect du partage de ce plat qui lui plaît particulièrement.

hot pot taiwanais
En cherchant ce qu’était un « hot pot taïwanais » sur Google images (source), je suis tombée sur cette photo. Je crois que cela correspond bien à ce dont me parlait Yu Chien.
Si Yu Chien venait en France je lui ferais découvrir la fondue savoyarde, la fondue bourguignonne et la raclette, cela m’a l’air d’être dans le même état d’esprit !

Yu Chien et la Nouvelle-Zélande

Elle est arrivée en Nouvelle-Zélande en novembre 2018 pour 1 an de PVT. Elle est arrivée à Christchurch et pour le moment, elle n’a donc visité que l’île du Sud.

Quand je lui ai demandé « Que penses-tu de la Nouvelle-Zélande ? », elle a eu la même réaction que beaucoup de pvtistes rencontrés depuis 8 mois : sourire et air gêné. L’air qui dit « Je ne vais pas mentir, j’avais rêvé mieux ! ».

Comme beaucoup, elle est donc contente de vivre l’aventure ici pendant un an mais ne compte pas y vivre. Je n’ai pas eu le temps de lui demander pourquoi, c’est elle qui m’a pris de court :

« La nourriture [taïwanaise] me manque trop ! ».

Yu Chien avoue sans complexe ne pas cuisiner elle-même à Taïwan. On peut acheter des plats tout-prêt partout dans les rues pour peu d’argent. Ce n’est pas le cas en Nouvelle-Zélande, elle doit donc cuisiner un minimum et cela ne la passionne pas.

Pourquoi la Nouvelle-Zélande ?

Au départ, Yu Chien voulait voyager au Canada mais le visa est à entrée limitée (comme c’est le cas pour les Français) et elle ne l’a pas obtenu. Ensuite elle a pensé à l’Australie mais ses parents lui ont dit que trop de gens voyageaient là-bas, sous-entendant peut-être que les opportunités de travail pouvaient ne pas être forcément les meilleures. Alors elle s’est repliée sur la Nouvelle-Zélande. C’est donc un choix par élimination des pays possibles pour un PVT. Je crois d’ailleurs qu’on est un certain nombre de PVTistes à être en Nouvelle-Zélande pour cette raison.

jeune femme assise sur un banc devant la mer

Manière de voyager

Elle comptait voyager seule mais ses parents s’inquiétaient. Elle a donc cherché une travelmate (une partenaire de voyage) en ligne ce qui a rassuré ses parents. Elle a trouvé une autre fille qui voulait voyager en Nouvelle-Zélande et elles sont donc parties ensemble. Finalement, elles se sont ensuite séparées au début du PVT.

Elle voyage désormais seule avec une voiture dans laquelle elle peut dormir. Il y a un matelas mais elle n’est pas self-contained.

À Roxburgh, elle vivait chez l’habitant, avec deux autres collègues. L’habitant n’était autre que Robyn, la sœur de Mathew, le guitariste du Faigan’s cafe, propriétaire de Justine et l’autre Yoann (j’ai déjà parlé de nos collègues français et du Faigan’s cafe dans les précédents articles). Robyn était également responsable du magasin-restaurant « Le 103 », une adresse que je recommande définitivement pour sa jolie déco florale et dépareillée mais aussi et surtout pour ses mets savoureux ! On a testé les scones salés, les muffins à la carotte, les salades de pois chiches et de chou-fleur, le carrot cake etc. Tout est succulent et fait maison ! Et c’est dans cet endroit que nous avons passé notre tout premier moment à Roxburgh avec Justine. Oui. Le monde est très très petit à Roxburgh !

Le travail en Nouvelle-Zélande

Avant la packhouse, elle a travaillé 2 mois à Wanaka, dans un restaurant chinois, en même temps que nous à New World ! Nous avons sûrement dû nous croiser sans le savoir. A la question « Quelle est ta ville préférée en Nouvelle-Zélande ? », elle a répondu « Wanaka ! ». Mais c’est aussi parce qu’elle n’est qu’au début de son PVT et qu’elle n’a pas encore tout vu.

Après la packhouse, elle souhaite trouver un job pour la saison d’hiver. Elle aimerait skier, elle n’a encore jamais vu de neige de sa vie et attend ce moment avec excitation.

jeune femme portant un chapeau fabriqué avec du recyclage
Vendredi 3 mai (dernier jour à la packhouse pour Yoann et moi), l’usine avait organisé un concours de chapeaux faits avec des matériaux de récupération provenant de l’usine. Yoann et moi avons participé. Nous étions 19 et il y avait 3 gagnants. Si Yoann et moi n’avons rien gagné, Yu Chien a quant à elle remporté le 3ème prix ! C’était fort mérité, les fleurs de son chapeau, réalisées avec les plateaux des pommes, étaient superbes. Elle était très excitée de participer à ce concours et aussi un peu stressée, surtout face aux concurrents. Elle n’avait pourtant pas de quoi rougir. J’ai été particulièrement contente qu’elle gagne ce prix (100 dollars).

Son meilleur souvenir jusqu’à présent 

Avec sa travelmate, durant la période qu’elles ont passé à Wanaka, elle s’est rendue en kayak sur Ruby Island, une petite île sur le lac de Wanaka.

L’eau était froide au milieu et pourtant Yu Chien n’a pas hésité à plonger dans le lac !

Ensuite elles ont passé environ 2h sur l’île, au soleil, elles étaient toutes seules.

Elle me précise que ce qui était assez « fou » pour elle, c’est que « dans [sa] culture » ils ne se baignent pas dans les lacs car il n’y en a pas comme en Nouvelle-Zélande. Il n’y a pas vraiment de possibilité de se baigner en extérieur, Taïwan est une petite île entourée de l’Océan et c’est assez dangereux. Elle a appris à nager vers l’âge de 11 ans mais elle a peur de se baigner là où elle n’a pas pied.

jeune femme assise sur une paroi devant la mer

Plat préféré en Nouvelle-Zélande 

Elle a peu goûté aux mets néo-zélandais. Je l’ai questionné sur la meatpie mais elle n’en avait alors jamais goûté. À Roxburgh il existe le famous shop « Jimmy’s pie ». Quelques jours après ma question, Yu Chien est revenue vers moi :

« Bon Mélanie… j’ai goûté la meatpie… Tu sais, une avec bacon and egg… »

 Elle ne pouvait cacher son dégoût. Je riais fort dans nos rangées de pommes.

« Le bacon était soft, je n’aime pas du tout ça, j’aime bien quand il est crispy, tu vois ce que je veux dire ?… J’ai testé, c’est bizarre, je n’en reprendrai pas. »

Yu Chien et les voyages

La Nouvelle-Zélande est le premier voyage de Yu Chien.

Je lui ai demandé quel pays elle rêvait de visiter, elle n’en avait pas en particulier.

À propos de la Chine, elle dit qu’en effet elle aimerait bien s’y rendre, peut-être à son retour.

« Et l’Europe ? ». Si la réponse immédiate a été un émerveillement elle a cependant était suivie d’un « mais » : « c’est trop cher » ! Elle dit qu’elle aimerait beaucoup visiter notre continent mais qu’elle devrait économiser beaucoup avant de s’y rendre.

Et moi je dis que des gens comme Yu Chien, je les accueillerai gratuitement à bras ouverts !

jeune femme la bouche ouverte devant un coucher de soleil

France / Nouvelle-Zélande / Taïwan : « quel coût de la vie » ?

Suite à cette réflexion, nous avons un peu parlé économie de la Nouvelle-Zélande et de nos deux pays respectifs. A Taïwan, le salaire minimum correspond à peu près à 10 NZD (dollars néo-zélandais) de l’heure. Le salaire minimum actuel en Nouvelle-Zélande étant de 17,70 NZD brut de l’heure ( = 10 euros 34 de l’heure soit l’équivalent du SMIC brut actuel en France).

Résumé de manière très courte : un Français voyageant en Nouvelle-Zélande s’y retrouvera économiquement par rapport aux moyens de son pays d’origine lorsqu’un Taïwanais sera un peu moins « riche ». Dans le sens contraire, un Taïwanais qui rentre dans son pays avec les gains de Nouvelle-Zélande aura un meilleur pouvoir d’achat alors que cela ne changera rien pour un Français. Si on parle du salaire minimum bien sûr puisque la majorité des pvtistes Français sont payés au minimum en Nouvelle-Zélande alors qu’ils gagnaient souvent plus (ou bien plus) en France. Un Français ne vient pas en Nouvelle-Zélande pour « se faire de l’argent », c’est certain.

Quand je la questionne sur la suite de son PVT, elle me dit qu’elle souhaite rentrer à Taïwan et retrouver un « travail stable ». Le PVT en Nouvelle-Zélande, une simple parenthèse dans sa vie ? Le PVT n’est pas fini ! 😉

Musique Maestro !

Enfin, pour cette catégorie d’articles, j’ai décidé de demander aux voyageurs de partager une musique provenant de leur pays qu’ils aiment écouter et qu’ils souhaiteraient faire découvrir.

Mon idée est de faire découvrir des musiques du monde entier, de faire écouter des musiques en langue originale du pays et d’en découvrir un peu plus sur la personnalité musicale de mon interlocuteur.

Découvrez donc sans plus attendre le choix de Yu Chien, une touche musicale provenant de Taïwan – elle me précise que les paroles sont en taïwanais et non en mandarin – :

Le groupe taïwanais « Mayday » a débuté en 1999 avec 5 membres. C’est un groupe très connu là-bas, ils ont gagné de nombreux prix musicaux. Ils ont également tourné dans le monde entier (Etats-Unis, Chine, Singapour, Allemagne, Japon, Malaisie, France – à l’AccordHotels Arena en mars 2018 -, Canada, Nouvelle-Zélande – septembre 2018 – etc.)
P.S : apparemment le karaoké est compris dans la vidéo, n’hésitez pas à chanter à tue-tête ! 😉

0 thoughts on “Portrait de voyageuse : Yu Chien, Taïwanaise, 25 ans

Laisser un commentaire

%d blogueurs aiment cette page :