Les voyageuses – en particulier, mais pas que – cherchent des solutions pratiques et écologiques pour mieux vivre leurs règles. Serviettes hygiéniques jetables et tampons sont de plus en plus rejetés au profit de protections hygiéniques alternatives. Serviettes hygiéniques lavables, cup et culottes menstruelles ont le vent en poupe. Mais avez-vous déjà entendu parler du Flux Libre Instinctif (FLI) ?
Je le pratique depuis environ 4 ans et c’est pour moi LA révélation. Grâce au FLI je me sens à l’aise et libre pendant mes règles et en accord avec le leitmotiv de ma quête minimaliste : « ‘se passer de’ au lieu de ‘remplacer par’ ».
Dans cet article je raconte mon propre parcours, j’explique la « démarche » concrète, je résume les points forts de cette pratique et je vous révèle pourquoi on n’en entend pas assez parler (ahah) !
Avertissement
Tout d’abord je précise que je ne suis pas médecin et ne vous donne pas de conseils médicaux. J’ai fait quelques recherches sur internet mais surtout, je vous parle de MON expérience, de mes propres observations sur moi-même.
Par exemple si vous souffrez d’endométriose, je ne peux pas dire si c’est une bonne solution ou non. J’ai lu des témoignages très positifs à ce sujet mais je vous laisse libre de faire vos propres recherches. Au passage, je vous invite à découvrir le blog d’une copine sur le sujet de l’endométriose (Endolife – Mieux vivre son endométriose), elle en est atteinte elle-même, comme 1 femme sur 10 en France.
Autre point : j’ai conscience qu’on peut avoir ses règles et ne pas « être une femme » ou ne pas « se sentir femme ». Alors pardonnez-moi de cette grosse généralité de l’emploi du mot « femme » et de l’utilisation du genre féminin. Le dire, c’est vous respecter.
De mes premières règles à l’apprentissage du FLI : mon parcours
J’ai eu mes règles le 3 août 2002. 10 jours avant mes 12 ans. Une date qui marque. Bam direct je colle dans mon slip une grosse serviette hygiénique d’une marque bien connu et bien cracra. Je ne connais que les serviettes et les tampons et à 12 ans, inimaginable de penser à insérer un tampon. J’avais la peur de perdre la ficelle ! À la fin du collège je tente progressivement le tampon qui deviendra vite mon meilleur ami.
En 2009, je découvre la cup (eh oui c’est pas tout nouveau !) via des camarades de classe des beaux-arts. La pratique est un échec total. Je vis l’effet ventouse. Impossible de la retirer. Je panique. Et celles qui ont déjà testé la cup connaissent la suite : patatra, le sang gicle dans la salle de bain. J’éclate de rire et décide que la cup c’est vraiment pas pour moi. Mon flux est trop peu abondant, ça ne me convient pas.
En seconde (2005-2006) je commence à prendre une pilule contraceptive 3e génération. J’avale ce petit poison quotidien jusqu’au 8 mars 2014. Une autre date qui marque. J’arrête. Presque 10 ans de contrôle hormonal. C’est très important d’être consciente de ça. Cela a un réel impact, selon moi (!), dans la pratique du Flux Libre Instinctif. Depuis 2014 je n’utilise plus de moyen de contraception (seulement préservatif et retrait).
Mes règles redeviennent « fluides ». Avant d’arrêter la pilule, je n’avais presque plus mes règles et ça ressemblait plutôt à des caillots de sang difficiles à évacuer… Mon cycle se précise. 28 jours tout pile. 2 « vrais » jours de règles seulement. 1 ou 2 petits jours de « résidus ». Pas de règle la nuit. J’ai de la « chance », j’en suis totalement consciente.
En septembre 2015, je commence mon premier CDI : un poste dans un bureau, tranquillou sur ma chaise de bureau devant mon ordi. Je m’achète des serviettes hygiéniques lavables. Je trouve ça inconfortable et incompatible avec mon sous-vêtement quotidien : le string. J’achète des tampons et serviettes en magasin bio. Ils ne sont pas tout à fait blanc. C’est mieux mais c’est toujours pas « zéro déchet » (c’était un peu mon idée de base). Et puis j’ai quand même un autre souci avec les tampons : bio ou pas, je sens que ça m’assèche. Mes règles sont trop peu abondantes et parfois je sens que ça « tire » pour le retirer.
En 2016, je retombe sur des vidéos et articles de femmes qui pratiquent le Flux Libre Instinctif. Je me dis qu’avec mon travail de bureau ce serait facile de tester. Alors je me lance. Ça se passe plutôt bien et je savoure les réussites.
Août 2018. Je quitte mon CDI et m’envole pour la Nouvelle-Zélande. 15 mois de PVT. Un an passé dans un van aménagé. La vie en van c’est : une hygiène carrément douteuse et pas de toilettes privés. Seulement un WC chimique sous le lit et les WC publics. Là, je BÉNIS ma pratique du FLI ! Quelle liberté ! Je ne pouvais pas m’imaginer changer de protection hygiénique, n’importe quelle soit-elle dans ces conditions. J’ai juste à me « vider » quand j’en ai besoin sans entrer en contact avec mes parties intimes.
En Nouvelle-Zélande, je découvre la pratique du FLI en faisant des boulots autrement qu’assise : taille des vignes, mise en rayon en supermarché, ménage dans des hôtels, emballage dans une usine de pommes. Que des jobs physiques debout. Je gère et je m’impressionne.
Actuellement je vis au Canada, j’ai vécu deux cycles de règles à travailler dans une usine de fabrication de pain. L’usine c’est être à sa chaîne, debout, et ne pas en bouger en dehors des heures dédiées aux pauses. Dans un uniforme blanc. J’aurais honnêtement été incapable de gérer le FLI sans mes quelques années de pratique précédentes.
Pratiquer le FLI demande du temps, de l’écoute, de la connaissance de soi, du contrôle, de la pratique. Aujourd’hui je suis libérée. Libérée de ces moments où les règles arrivent de manière importune et qu’on n’a rien sous la main.
J’ai un souvenir en tête qui me fait beaucoup sourire. Cet hiver (décembre 2019), j’ai travaillé dans une cabane ostréicole (2 semaines à travailler debout de 2h du mat’ à 14h !). Une collègue a eu ses règles, ce n’était pas prévu, elle le dit à une collègue ménopausée donc forcément elle dit qu’elle n’a rien alors elles se tournent toutes les deux vers moi. Je ne réagis pas. Et puis je réalise. Là je leur dis que je n’ai pas de protection à dépanner car moi je ne mets rien. Gros blanc. J’explique le FLI. La femme ménopausée hallucinait. « Arrivée à cet âge et jamais avoir entendu parler de ça… ! Ça alors ! » Eh oui ! Ça alors !
Bon et comment ça « marche » exactement ?
- On essaie de comprendre la physiologie des règles. (Regardez la vidéo ci-dessous pour vous aider)
- On va « vider ses règles » aux toilettes. On laisse écouler le sang. On peut aider en poussant un peu aussi (contraction du périnée). Au début, on va aux toilettes toutes les 2h, même si on ne sent rien. On va contracter un peu, sans trop forcer. On observe ce qu’il se passe. On respire profondément. On regarde aussi. Oui, oui, on se penche et on regarde si quelque chose se passe si on n’est pas capable de le sentir. Je regarde toujours aujourd’hui pour contempler mes réussites !
- On accepte les sensations, la vue du sang, les « échecs », on est tolérantes envers soi-même.
- On « écoute » son corps. On apprend à repérer les signaux envoyés par le corps. Au début ça peut sembler « surréaliste ». En fait aujourd’hui, ce que je trouve « surréaliste », c’est de se dire qu’à l’époque où nous vivons on ne sait même pas se connecter à son propre corps. Je trouve ça choquant et inquiétant.
- On teste, on pratique, on essaie, on ose… sur plusieurs cycles. Ça prend du temps pour bien s’écouter et se connaitre !
- Si on a l’occasion de passer une journée entière (ou plus) chez soi durant ses règles, on en profite pour se concentrer sur le FLI. On évite de porter un sous-vêtement (nue ou sans sous-vêtement avec un pantalon ample ou une robe/jupe par exemple). Quand on comprend que rien ne pourra retenir nos règles on change d’« instinct », vous verrez. 😉
- Concrètement je mets un bout de papier toilette sur mon sous-vêtement aux moments qui me paraissent « douteux »/difficiles (exemple : 3h d’usine sans pause le premier jour des règles…). J’ai aussi pensé à opter pour une culotte menstruelle pour ces moments-là. Je trouvais que c’était un bon complément au FLI et puis finalement mes réussites à l’usine m’ont prouvé que j’avais passé cette étape. Mais pourquoi pas recommander ça pour démarrer ? Pas sur le long terme selon moi car on en revient à la notion « d’instinct »… Si on sait qu’on est protégée on va plus facilement se « laisser aller »…
Et on fait comment à la piscine ? Ben on n’y va pas pendant les règles. Ça suit la logique de « se passer de ». Ou alors on gère très très bien. Si vous êtes nageuses à un niveau pro, trouvez votre propre solution. Quand je vivais en van aménagé en Nouvelle-Zélande, nous allions la plupart du temps nous doucher dans les douches des piscines. Parfois on prenait aussi l’entrée à la piscine. Je ne prenais pas cette option pendant mes jours de règles. Tout simplement. On n’est pas obligées d’être tout le temps au taquet H24 dans toutes les conditions et pour toutes les activités.
Pour vous accompagner dans la pratique, il existe plusieurs vidéos sur le sujet sur Internet. Il y en a une que je recommande particulièrement car elle accompagne les femmes dans cette quête de la « continence menstruelle ». La créatrice se définit comme « kinésithérapeute spécialisée en rééducation périnéale, conseillère formatrice en symptothermie moderne et holistique et accompagnatrice/formatrice en continence menstruelle ».
J’aime beaucoup ce terme de « continence menstruelle ». J’ai un souvenir très marquant de ma sœur expliquant qu’elle ne forcerait pas ma nièce à aller sur le pot pendant des heures car « d’abord, tout doit être en place physiologiquement pour que l’enfant retienne naturellement son caca. ». Ma nièce est née fin 2013 donc vous voyez un peu comment ça s’imbrique dans le cheminement… !
La mission de Mélissa Carlier ? « Donner aux femmes le savoir nécessaire pour leur permettre de reprendre le pouvoir sur leur corps et à leur rythme. Chaque femme qui parvient à se re-connecter à elle et à respecter sa vraie nature contribue à la dé-médicalisation de la Femme, et met un terme aux abus qui nous sont imposés continuellement (taxe rose, produits toxiques dans les protections, souffrance reconnue à la suite des contraceptifs hormonaux, difficulté à l’information correcte et fiable). Chaque femme a le droit de savoir et de choisir de manière libre et éclairée ce qu’elle estime être le plus adaptée pour elle, sans jugement. »
Franchement, je n’aurais pas dit mieux !
Je vous invite également fortement à découvrir l’article Qu’est-ce que le flux instinctif libre ? Comment se pratique-t-il ? sur le blog « dans ma culotte » écrit par Jessica Spina, Naturothérapeute spécialisée et enseignante du flux instinctif. Il répond à des questions plus « physiques » dans lesquelles je ne me suis pas aventurée dans cet article.
6 points forts du Flux Libre Instinctif
En résumé, voici 6 raisons pour lesquelles je pense qu’il est essentiel de se tourner vers cette alternative durant vos règles :
Écologique
Une évidence : le FLI est 100% zéro déchet ! Oui parce qu’une cup ou des serviettes lavables c’est pas « 100% zéro déchet » dans le sens où il faudra bien en changer un jour (leur durée de vie est grande mais pas éternelle !).
Économique
Bon ben cela parait évident également… On ne met rien donc ça ne coûte… rien.
Renouer avec ses sensations
Vous allez découvrir le sentiment de pouvoir procuré par la connexion et le contrôle de votre corps. Apprendre à se connaitre, découvrir ou redécouvrir le fonctionnement de son propre corps.
Sentiment de liberté
Vous ne serez plus gênée par une arrivée des règles inopinée. Et la sensation de contrôle du corps rend libre.
Mettre un terme aux abus imposés
Cf : la mission de Mélissa Carlier !
Ralentir
Pratiquer le FLI pose aussi la question du temps que l’on consacre aux choses : j’ai déjà eu des réflexions d’enseignantes ou de personnes travaillant dans le milieu médical « Mais moi j’ai PAS LE TEMPS d’aller aux toilettes ».
Méditez juste deux secondes sur cette pensée s’il vous plait.
Pourquoi on n’en entend pas parler si c’est si génial ?
C’est le moment cru, le moment CASH !
- Parce que ça ferait chier beaucoup de monde que les femmes soient maîtresses de leur corps.
- Parce qu’on n’aurait rien à vendre aux femmes pendant leurs règles…et qu’il y a quand même beaucoup de femmes sur Terre… et que c’est un truc qui revient quand même CHAQUE MOIS pendant environ 40 ans de nos vies… et ça, ben… dans un monde capitaliste, c’est pas possible. #MoneyMoney
J’aurais peut-être dû commencer par vous dire ça ? 😉
Je crois avoir fait un bon tour du sujet mais je suis toujours ouverte et disponible pour échanger (en commentaire ou par mail : ondeambule@gmail.com).
Alors ? Allez-vous tenter l’expérience ? Dites-le-moi en commentaire !
Et partagez l’article auprès de vos amies qui seraient intéressées !
Le minimalisme, le développement personnel, la permaculture, les alternatives… c’est dans la rubrique « S’épanouir » ! 😉
Bonsoir. votre article me fais l’effet d’une révélation. Comme si mon corps savait sans avoir conscience de ce qu’il faut faire pr gérer les règles sans contraintes. Pendant le confinement et après une vaginose bactérienne jai arrêté les tampons et la cup (définitivement pas pr moi) je me suis aperçu qu’effectivement mon flux sanguin se libérer essentiellement en allant aux toilettes et très peu dans mes serviettes. D’autres exemples de règles sans protection me reviennent et je comprends maintenant ces situations où finalement c’était
Pas la catastrophe alors que d’habitude j’ai des règles abondantes et douloureuses. Je porte un stérilet depuis des années (après la pillule) et ça fait quelques mois que je ressens que c pas ce qui me convient et que le meilleur moyen de ne plus souffrir chaque mois c’est d’être en phase avec son corps et cela sans « corps » étranger. Je cherchais une alternative aux tampons serviettes et autres et aux moyens de contraception, votre article confirme mon ressenti… le naturel et rien de plus ! Merci je test dès maintenant cette liberté de faire… 😉
Super, merci beaucoup pour ce retour ! De vous lire me rappelle aussi qu’avant de le pratiquer « consciemment » en fait mon corps aussi « se libérer » de lui-même aux moments où j’allais aux toilettes ! Pas si bête 😉 Faisons confiance au naturel ! Ravie de savoir que je contribue à donner envie de se lancer et bonne continuation dans cette quête de liberté !