Samedi 2 mai 2020
Le mois d’avril s’en est fini… Passé à vitesse grand V !
En avril, j’avais pensé être en « vacances », profiter d’être avec Yoann avant de me rendre à Tadoussac pour la grande saison estivale ou bien aller découvrir Montréal ou la campagne québécoise… j’ai même pensé à aller aux Bahamas ! Non mais quelle folie… Tout ça c’était avant que le Monde se mette en pause.
Voici nos nouvelles du mois d’avril !
Logement
Comme je le disais dans le dernier article [Premier mois à Québec : photos et bilan], nous louons un appartement vraiment peu cher à Québec, dans le quartier de Limoilou.
Yoann a une pièce consacrée à la pratique de la batterie ! Il est heureux de jouer pendant des heures et moi je suis heureuse que cette pièce soit à part. 😉
Le travail c’est la santé… ou pas !
Si j’avais encore un espoir il y a plus d’un mois pour le job de réceptionniste de l’hôtel à Tadoussac, il est aujourd’hui particulièrement réduit… si ce n’est anéanti…
Fin mars j’ai fait une journée de formation pour travailler dans une résidence pour personnes âgées. La demande est très forte actuellement. Malheureusement comme j’avais travaillé dans un hôtel quelques jours avant ils m’ont dit de m’isoler pendant encore une semaine. Fin mars on ne mesurait pas encore autant la situation sanitaire… Et de jour en jour les mauvaises nouvelles tombaient, les nombres de décès grandissaient de manière surréaliste à travers le Monde. Moi… ça m’a un peu fait peur de devoir travailler avec les personnes âgées ! Je devais prendre 2 bus pour aller jusque là-bas et donc multiplier le risque d’attraper le virus et de leur transmettre. J’ai donc renoncé à y retourner.
Et pendant ce temps d’isolement et de réflexion, j’ai postulé à une offre d’emploi de manoeuvre de production dans une entreprise de boulangerie. Après entretien et consultation de mes références ils m’ont accepté et j’ai démarré dans cette usine le 2 avril ! Depuis j’ai fait 10 jours en salubrité (ménage), une semaine au triage et à l’emballage des pains et deux semaines au moulage. C’est un job parfois physique mais pas autant que les vignes par exemple [On n’oublie pas que ce fut le pire job de ma vie !]. L’équipe est vraiment chouette, c’est ce qui me motive à venir en début de journée. La compréhension du québécois (accent et vocabulaire) est parfois réellement compliquée : j’écrirai un article sur le sujet !
C’est un job plutôt « bien payé », en comparaison avec d’autres jobs « non qualifiés ». Le salaire horaire minimum au Québec est de 12.50 CAD bruts (dollars canadiens). Je suis actuellement payée 17.26 CAD bruts (+0.80 entre 22h et 7h du matin – l’usine est ouverte 24/24). Nous voyons beaucoup d’offres autour de 14 / 16 CAD bruts. Je travaille 40h/semaine. J’ai fait 178h30 en avril. J’ai donc été bien occupée !
Du côté de ma micro-entreprise, j’ai un peu travaillé pour Yannick Jaulin et je ne peux que vous inviter à visionner son Voyage à pas d’âne, une web-série de 15 épisodes retraçant un périple… au pas de l’âne effectué en juillet 2017 sur le thème de l’identité et de sa langue maternelle !
Je ne prospecte pas car ce n’est pas ma priorité actuellement. Je préfère d’abord me consacrer à mon insertion dans la vie québécoise et c’est un pari réussi avec mon job à l’usine. Je suis toujours ouverte aux demandes et opportunités bien sûr. D’ailleurs je suis tout de même en veille sur les postes de rédacteur web ici à Québec et une DRH a trouvé mon profil intéressant…
Par ailleurs, j’apprends l’espagnol en regardant des séries en VO Espagnol sous-titrées anglais – deux en un ! -, en suivant le programme débutant de Babbel et en étant attentive à toutes les sources où je peux piocher du vocabulaire. Je suis également un MOOC sur l’enseignement du FLE (Français Langues Étrangères) du Cavilam de Vichy. Entre le travail pour Yannick Jaulin (qui met en lumière le patois), l’apprentissage de l’espagnol, la découverte de l’enseignement du FLE et l’immersion dans le travail avec des Québécois, ma vie tourne autour des langues et j’y prends un grand plaisir.
Et Yoann ? Ah pour Yoann le mois d’avril a été plus difficile. En début de mois il a travaillé une semaine dans une usine de découpe de poulets (déjà cuits, ce n’est pas un abattoir). Il n’était pas en production mais au ménage et au vestiaire. Ses collègues n’avaient RIEN à voir avec les miens… Ce qu’il me décrivait en rentrant m’étonnait à chaque fois. Par exemple, alors que nous sommes en pleine crise sanitaire, les employés devaient partager un casier à deux personnes car il n’y en avait pas assez pour tout le monde ! LE CHOC ! Il a aussi appris qu’il y a eu 2 cas positifs au Covid. Il a fini par dire qu’il ne reviendrait plus et ça m’a rassuré pour nous.
Ensuite il devait commencer un autre travail à la fin du mois, quand il s’est rendu compte sur place de la tâche à accomplir, il a fait demi-tour. Il a battu son record : arrivé à 8h, reparti à 8h38 ! Le job ? Laver des vitres en extérieur en plein vent par 6 degrés Celsius avec une perche de 5 mètres. Trop physique, trop contraignant.
Il a également passé un entretien pour être vendeur de lunettes de vue mais ça n’a pas fonctionné. Pour le mois de mai, il a de nouvelles pistes. En attendant il est ravi d’avoir du temps pour pratiquer la batterie !
La vie pendant cette « pause »
Au Québec on ne parle pas vraiment de « confinement » mais de « pause ».
La situation est assez similaire avec la France et beaucoup de pays dans le Monde : bars, restaurants, salles de spectacle, musées… fermés. Évènements estivaux annulés (bye le festival de la chanson de Tadoussac, bye le festival d’été de Québec…). Commerces de détail fermés (réouverture possible à partir du 11 mai). Beaucoup de structures s’organisent pour les commandes en ligne et les livraisons. Les commerces essentiels ouvrent leurs portes dans une limite de clients en magasin. Des queues se dressent donc en extérieur, avec un espace de 2 mètres entre chaque personne car c’est la distance qui a été convenue ici. Le « magasinage » (shopping) est interdit. On doit savoir ce qu’on veut avant d’entrer dans le magasin et venir pour une raison essentielle. Par exemple début avril j’ai dû acheter une paire de bottes de sécurité pour l’usine. Je suis allée dans un surplus militaire. La porte était fermée à clé, le gérant est venu m’ouvrir et m’a demandé si je savais ce que je voulais. Je l’ai grandement remercié de m’avoir dépanné !
Dans le bus c’est le jeu de la distanciation. Repérage instantané des places disponibles en se séparant comme on peut… Pendant deux semaines j’ai pris le bus de 5h34 du matin, le premier de la journée. Que des travailleurs. Les mêmes personnes chaque matin. Bottes de sécurité aux pieds pour la plupart. En fin de journée de travail, dans le bus de 15h environ… du monde… trop de monde… pas possible de tenir les distances. Il y a peu j’ai entendu une femme se plaindre du monde en montant. Ça m’a un peu tendue… que faisait-elle dans ce bus ? Était-ce vraiment un déplacement ESSENTIEL ? Moi je les repère les travailleurs et ceux qui vont faire leurs courses… Et je revois souvent les mêmes personnes puisqu’on reste dans le même quartier. Je ne suis pas persuadée qu’elle allait faire l’un ou l’autre. Je ne souhaite cependant pas juger. C’est déjà assez difficile de voir parfois les regards de suspicion, les gens qui baissent les yeux… ne plus les entendre parler… la distanciation est bien plus que physique. D’un côté on voit des vagues de solidarité et d’un autre un renforcement de l’individualisme.
Faire les courses est la corvée la plus désagréable ! Queue en extérieur. Interdiction d’emporter ses propres sacs (donc on retourne aux sacs plastiques individuels… vive le mouvement zéro déchet…). Interdiction de venir à plusieurs personnes (sauf cas particulier). Il faut désigner un responsable des achats. Désinfection des mains au gel hydroalcoolique avant d’entrer. Obligation de tenir 2 mètres de distance les uns des autres en tout temps dans le magasin. Une seule personne au passage à la caisse. Les paiements en espèces sont prohibés partout. Certains articles sont en rupture (on a connu la rupture de papier toilette, de javel, de gel hydroalcoolique, de lingettes désinfectantes et tout autre produit pour désinfecter, de farine, de quelques boîtes de conserve…), d’autres produits sont en achat limité pour ne pas créer de pénurie.
On ne souhaite toujours pas rentrer en France. Mais on se pose des questions sur la suite de ce PVT ! Concrètement actuellement on peut éventuellement faire la partie « travail » de notre « permis vacances travail » mais pour la partie « vacances » c’est complètement fichu. Et puis pour la partie travail ça reste très limité… résidence pour personnes âgées/ménage/supermarché/agro-alimentaire. Rien de très exaltant ou épanouissant. Nous sommes de nombreux PVTistes à espérer que notre Permis sera prolongé d’autant de temps de « perdu » durant la « pause ». C’est la décision qu’a pris le Brésil ! Alors on a un peu d’espoir… De toute manière l’espoir c’est tout ce qui nous reste en ce moment.
Cueillir le jour
2020 est l’année la plus « carpe diem » que j’ai vécu jusqu’à présent. On avait commencé fort en Nouvelle-Zélande mais là on passe à un niveau ++ !
Un festival de flou, de brouillard, d’émotions, de je-m’en-foutisme, de micro-moments de peur, d’espoir, de doutes, de questions, de réflexion, de remises en question… Ben on se sent bien vivants hein quelque part !